Poèmes

  • Poèmes,  Un monde s'écroule

    Trois petits singes

    Nous reviendrons bavarder avec les trois petits singes du bout du mur. Ils ont des gueules bien sympathiques. On se sait pas s’ils sont gibbons, macaques ou chimpanzés. Non, chimpanzés, non. Ils nous ressemblent trop. Ils sont venus nous voir tout de suite, comment sont-il arrivés là ? Sont-ils descendus des arbres ? Sont-ils tombés du ciel ? Car on ne monte pas comme ça sur le mur de la présidence, il y a des tessons de bouteille partout, des barbelées, des fils fils de fer, des pièges électriques. Des fois que le peuple ait l’idée de troubler la paix du palais. Il n’y a plus de présidence, maintenant. Mais…

  • Poèmes,  Un monde s'écroule

    Ceux qui vont

    Ils sont partis vers des terres lointaines Partis au nord, où il y avait de l’eau De l’eau de pluie et de l’eau des fontaines La terres est morte ici, la vie est vaine – Ils ont marché comme un peuple étourdi Marché de nuit sur le sable endormi Le sable nu mangé par les cailloux Les cailloux vifs avec leurs dents de loup – Fuyant la ville et le cri des corbeaux Le feu du jour qui leur brûlait la peau Ils sont partis dans le soleil couchant La nuit  enfin rafraîchissait le vent – Il y avait là des bagnards en errance Des vagabonds, des soldats sans chaussures…

  • Poèmes

    Minuit (Etienne)

    Minuit. L’aplomb de l’heure inique La nuit étouffe un cri pudique Je t’ai laissé dans l’ombre nu Presque endormi, presque ingénu   Et ton corps blanc lové d’amour Comme écrasé du poids du jour Blotti dans les replis perplexes Des draps froissés des jeux du sexe

  • Chansons,  L'Assassin,  Poèmes

    Foutu Chat de gouttières !

    La nuit, tous les chagrins sont gris Les bandits ont sorti Leurs chapeaux  haut de forme La nuit tous les chagrins s’ennuient Les crimes nous sourient Et les chats gris s’endorment Foutu chat de gouttières !   Au tournant d’une rue déserte Sautant d’une fenêtre ouverte Un chat surgit je ne sais d’où Avec ses yeux, ces yeux de fou   Je suivis ce mauvais garçon Le long des rues et des maisons Sans savoir qui de lui ou moi Serait le chasseur ou la proie   La nuit, tous les chagrins sont gris Les bandits ont sorti Leurs chapeaux  haut de forme La nuit tous les chagrins s’ennuient Les…

  • Poèmes,  Un monde s'écroule

    Eléphants

    Aussi loin que porte la plaine Jusqu’au bout des rives du temps Attirés par l’eau des fontaines Venaient mourir les éléphants   Ils arrivaient par cent détours D’anciennes fermes de labour Des champs de gaz et de bitume Qui crachaient du feu dans la brume   Ils avaient pris des  noms de guerre Et changé leurs charrues en sabre Ils donnaient tout l’or des rivières Pour l’eau d’un puits, l’ombre d’un arbre   Aussi loin que porte la plaine Jusqu’au bout des rives du temps Attirés par l’eau des fontaines Venaient mourir les éléphants   Ils jouaient dans les casinos A moitié fous, à moitié ivres Le prix de l’air,…

  • Poèmes

    Un enfant joue

             Rien.                    Ni les autos qui caracolent                                            (à R.G.) Autour de la place aux moineaux Ni les gens pressés qui s’envolent Sortant par le trou du métro – Ni les oiseaux qui font les fous Et se picorent sur la piste Il ne voit rien, se fout de tout Un enfant joue, plus rien n’existe – Voilà.                    Il est par terre, il est assis Il voit le monde…

  • Poèmes

    C’était quand déjà?

    Nos cris d’enfants dans le jardin Courir après les papillons Eclabousser l’eau des bassins C’était quand déjà ? – Enlever la fée des étangs L’emporter sur un cheval blanc Jusqu’au château de Carabas C’était quand déjà ? – C’était quand les autos volantes La course à travers les étoiles Bruno dans son blouson de toile Moi dans mon casque d’amarante – C’était quand le bout du chemin C’était quand les forêts profondes Les chevaliers, les magiciens Qui tricotaient l’envers du monde – C’est aujourd’hui et c’est demain Rien ne se perd ni se retrouve L’enfant d’hier te prend la main  Il t’appelle et tu te retournes

  • Un monde s'écroule

    Les clochards célestes

    Quand on était vieux On allait courbés La tête penchée Les genoux cagneux. L’hiver dans les yeux On traînait nos pas De trotte-menu Au café-tabac Qui vend des cousues. Mais il n’y en a plus On buvait du vin Sur le bord du zinc Parfois des gamins Jouaient du bastringue. Ca nous rendait dingues On poussait du bois Sur des échiquiers On gagnait parfois Une reine, un roi. Contre un cavalier Le monde alentour Pouvait s’écrouler L’évêque ou la tour Pouvaient bien tomber. A chacun son tour A chacun sa loi On n’entendait rien On poussait du bois L’hiver dans nos mains. Le coeur aux abois Quand on était vieux…

  • Poèmes,  Un monde s'écroule

    A l’homme du bar

    Prends-le si tu veux, Prends-le tout avant qu’il s’envole L’argent ne sert à rien Il se mange les mains Il se ronge les poings Il tambourine avec ses doigts Sur des masques de fer Sur des portes de bois Et sur des pots de terre L’argent ne se plie pas, il se prie Le genou en terre et les yeux dans le gris du ciel Où danse un rayon de soleil Par dessus  monts et merveilles Froissé comme un crime parfait Et léger comme un lit défait L’argent n’existe pas, comme un dieu. Il a ses murs et ses murailles Ses cathos et ses cathédrales Il a ses règles et…