Poèmes,  Racontards

Chez Barnabé


Chez Barnabé comme un fanal
A l’enseigne de l’Hôpital
C’était un vrai tape-cul  un satané boxon
Mais y’avait les copains qui chantaient des chansons
Sur des tables monumentales
On servait des plats d’andouillettes
Double gratin pour les morfales
Et du caillé à la fleurette
Les gens descendaient par l’échelle
De meunier, jusque dans la cave
Quand ils étaient cuits comme des raves
On les remontait par les bretelles
Ils ne se prenaient pas pour des sous-fifres
Ils avaient le coude et la main leste
Quand ils passaient  des alcootests
Ça donnait des scores à deux chiffres
Y’avait Carlin dans la cuisine
La grande Jaja et ses copines
Jean-François roulait du Sansom
Et Vauban gardait la maison
Chez Barnabé comme un fanal
A l’enseigne de l’Hôpital
C’était un vrai tape-cul  un satané boxon
Mais y’avait les copains qui chantaient des chansons
Au paradis des carabins
Des saltimbanques et des vauriens
Les bourgeois venaient s’encanailler
Coincés comme des chaises empaillées
Barnabé prenait sa guitare
Il tapait les cordes au hasard
Les yeux hagards, les cheveux fous
Il chantait le Père Dupanloup
Moi je racontais des histoires
Qui faisaient rire un jour sur deux
Ou bien c’est eux qui étaient trop noirs
Ou bien moi qui l’était trop peu
Y’avait les Martos au piano
Le ventriloque et son canard
Gamel jouait les Savoyards
Et Rostaing chantait du Renaud
Chez Barnabé comme un fanal
A l’enseigne de l’Hôpital
C’était un vrai tape-cul un satané boxon
Mais y’avait les copains qui chantaient des chansons
On voyait passer dans les airs
Des fromages blancs qui s’envolaient
Le seul moyen d’avoir la paix 
C’était de recharger les verres
C’était pas rare en fin de soirée
De voir un gusse montrer ses fesses
Et ses copains  se défroquer
Pour lui rendre la politesse
Quand j’ai joué pour la première fois
Et que je tremblais comme un moineau
J’ai entendu crier vers moi
“On l’encule pendant qu’il est chaud !”
Mais y’avait les amis de passage
Et c’était des instants magiques
Quand Goun prenait la guitare jazz
Quand Mistigri chantait l’Afrique
Chez Barnabé comme un fanal
A l’enseigne de l’Hôpital
C’était un vrai tape-cul un satané boxon
Mais y’avait les copains qui chantaient des chansons
C’était un temps déraisonnable
On mettait les pieds sur les tables
On buvait sec on mangeait gras
La diététique, y’en n’avait pas
Le marchand de vin nous soupçonnait
D’avoir piqué ses caisses en bois
Pour faire une scène et des parquets
Il n’a jamais compris pourquoi
On connaissait tous les huissiers
Qui venaient nous voir deux fois par an
Pour nous jouer les dix commandements
On avait vite fait d’oublier
On prenait la vie comme elle vient
Sans se soucier du lendemain
Pour conjurer les mauvais sorts
On chantait Les Copains d’Abord
Chez Barnabé comme un fanal
A l’enseigne de l’Hôpital
C’était un vrai tape-cul un satané boxon
Mais y’avait les copains qui chantaient des chansons

CV 31/08/19

Auteur, compositeur, interprête

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