Parler…
Parler, je ne saurais pas dire
J’ai brisé ma boîte à musique
Sur le silence pathétique
Du dernier cri d’un oiseau-lyre
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La poésie croit qu’elle est femme
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Trop de murs se sont écroulés
Sur mon quartier à la hulotte
Pendant que nous dormions glacés
Dans des huttes en bois de marmotte
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Un cri de craie sur un tableau
Une mégère majuscule
Qui vient grincer des mandibules
Comme des dents sur un piano
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On jette un migrant à la mer
La vague qu’on n’attendait pas
La vague l’a pris dans ses bras
Dans ses grandes griffes de fer
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La poésie croit qu’elle existe
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Trop de rêves du fond des âges
Et de chevaux en longs cortèges
Suivant la route des rois mages
Vers l‘étoile des sortilèges
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Des âmes perdues se trottinent
Sur les chemins du paradis
Et leurs lèvres de capucine
Mangent les mots qu’elles n’ont pas dits
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Pourtant nous les avons aimées
A pleurer des larmes de sel
Que le ciel même aurait semées
Une nuit pâle de Noël
La poésie croit qu’elle est belle
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Trop de mensonges et de manèges
Et de mésanges prises au piège
Leurs petites pattes de liège
Piétinent leurs pas sur la neige
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Ici, le silence est de marbre
En posant la main sur les arbres
On entendrait battre leur coeur
Et les héros n’auraient plus peur
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Parler je ne saurais pas faire
Parler, je ne saurais pas dire
Il y a tant de choses à taire
Que la terre n’y peut suffire
La poésie ne sert à rien
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CV Déc 19