Poèmes,  Un monde s'écroule

Ils ne mouraient pas tous

Ils ne mouraient pas tous

Mais certains broutaient la poussière

La fine fleur de poudre brune

Qui remontait le long des runes

La pluie fine de fleur de suie

Qui s’insufflait dans les poumons

Poison docile et fallacieux

Et dans les coeurs aventureux

La mort facile et silencieuse

 

Ils ne mouraient pas tous

Certains s’écroulaient en silence

Par pans entiers comme un château

De cartes attaqué par la mer

Ils s’affaissaient sur leurs genoux

Mur après mur Et leurs entrailles

S’effilochaient au gré du vent

Le sel avait rongé les tours

Les vagues emportaient les remparts

 

Ils ne mouraient pas tous

Certains voyaient leurs bras noircis

Leurs yeux ternis, leurs os cassants

Maigris comme des loups errants

Ou des arbustes raccornis

Leurs jambes les portaient encore

Jusqu’au jardin de malemort

Mais ils chassaient dans leur sillage

Une assommante puanteur

 

Ils ne mouraient pas tous

Certains s’en allaient en lambeaux

Comme une fleur qu’on écartèle

Trois pétales pour les pucelles

Et leurs mains feuillolaient encore

Un chardon bleu pour les amants

Pour les ronces qui se déchirent

Comme un souvenir qu’on arrache

La pointe plantée dans le coeur

 

Ils ne mouraient pas tous

Ceux qui portaient la mort en berne

Comme un bouquet de balivernes

Semant des tombes sur leurs pas

Ne mouraient pas

 

Ceux qui marchaient l’âme légère

Guidés par de corbeaux de fer

Au firmament de leur trépas

Ne mouraient pas

 

Ceux qui croyaient dans un murmure

Jeter leurs démons en pâture

A des chiens de littérature

Pour trois sous d’or qui n’en sont pas

Ne mouraient pas.

CV1807

Auteur, compositeur, interprête

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