Poèmes

Il est un blanc…

Il est un blanc plus blanc que le blanc

Un blanc diaphane, évanescent

Comme une brume de printemps

Effilochée sur un étang

Un blanc de neiges infinies

Vers lequel court un lapin blanc

Avec sa montre à contretemps

Sur des chemins de paradis

Un blanc plus blanc que le silence

Quand la paix glisse sur le monde

Et qu’on ouvre des bras immenses

Vers des chimères vagabondes

Voie lactée, ombres lumineuses

Le corps chaste des amoureuses

Il est un blanc plus blanc que l’absence

Un blanc profond et lourd de silence

Qui se soulève et dans sa poitrine

Quand il l’entend, le coeur tambourine

Une eau de vie comme un air de fête

Un blanc si fort qu’il tourne la tête

Des amoureux, les yeux pleins d’étoile

La nuit se meurt sous un ciel sans voile

Un blanc si pur et plein de mystère

Que dans la nef baignée de lumière

Agenouillé aux marges des cieux

L’esclave a cru qu’il rencontrait Dieu

Il est un blanc pour qui je donnerais

Tout l’or du Rhin et ses jardins secrets

Ils ont joué, les enfants du bonheur

Et fait tourner le cerceau des couleurs

Le bleu d’azur a changé pour le blanc

Éclaboussé de mille feux d’argent

Les naufragés au bout de leur voyage

Ont vu surgir au delà des nuages

Comme une porte ouverte sur l’espace

Ce blanc si blanc qu’on ne peut voir en face

Et dans le creux de leurs mains réunies

Les yeux fermés, murmurant des prières

Hommes perdus et mages endormis

Gardent caché cet éclat de lumière

Un blanc troublant sans chair et sans matière

Eternel et muet comme un rêve de pierre

Auteur, compositeur, interprête

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