Poèmes
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Fraternités*
Frères humains qui d’après nous vivez Le temps nouveau des hommes de demain Vous qui n’aurez jamais l’or des héros Mais qui filez du sable dans vos mains Si frères vous clamons point n’en devez Avoir dédain, frères de nos destins Du bout des doigts dans le creux de vos paumes Dans chaque atome un arbre vit et croît Nous nous tenons, par les mains par le coeur Qui vit, qui meurt ? Ainsi vont les saisons Petites soeurs venues de l’autre rive Dans vos eaux vives où chantent les ruisseaux C’est la même eau qui coule dans nos os Et l’océan, et le sel et le…
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Le dernier abonné au G.A.Z.
“Monsieur Quincampoix, vous êtes subrepticement le plus ancien abonné de notre revue, nous serons heureux de fêter avec vous ce remarquable événement, le mercredi 23 avril prochain à 18 heures passantes, en nos locaux du 43 rue Montalembert. Vous serez notre invité d’honneur. Tenue respectable exigée. SIgné : Sébastien Lavirole, rédacteur en chef et directeur de publication du Moniteur du GAZ (Groupement des Allobroges Zététiciens)”. Le 23 avril à 17h59 frémissantes, Adrien Quincampoix, la quarantaine bien tassée sur ses malléoles, le cheveu rare et nostalgique, l’oeil aigu comme un pique à glace, la lèvre dure, le front convexe, boudiné dans une chemise de sèche-linge, étranglé par une cravate demi-deuil qui…
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Les dagues douces
Où sont passées les dagues douces Qui chantaient comme des sirènes Dans les ombres de la nuit rousse Inexorables souveraines ? – Où sont les inquiétants sourires Des poignards aux gorges d’acier Que des fantômes émaciés Cachaient sous leurs manteaux de cuir ? – L’Eustache et son bois tailladé Léger dans la main des apaches Qui poursuivait d’un air bravache Les beaux messieurs des beaux quartiers – La navaja venue d’Espagne Ivre de rage et de vengeance Jouer au bazar de la chance La vie la mort à qui perd gagne – Où sont passées les dagues douces Qui chantaient comme des sirènes Dans les ombres de la nuit rousse…
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Les Mystères de Lyon
Sous ses airs florentins, Lyon la sage, l’austère Montre de beaux atours, mais garde ses mystères Il y en a de partout, dans les rues, les traboules Dans des endroits secrets à l’abri de la foule
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Il est un blanc…
Il est un blanc plus blanc que le blanc Un blanc diaphane, évanescent Comme une brume de printemps Effilochée sur un étang
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Confinement
J’entends des pas sur le pavé -Mais non, tu t’es trompé
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MARCHAND DE MUSIQUE
Chez Orgeret au coin d'la rue On vendait des chansons on vendait de la musique Tous les succès des temps perdus Avec des partitions de piano mécanique Et puis les derniers titres accrochés aux volets Du Richard Anthony, du Johnny Hallyday
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Je suis d’un autre pays que le vôtre
Je suis d’un autre pays que le vôtre Je sais comment vivre sans toit Sans foi ni loi, changer cent fois De patelin, de patenôtre
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Parler…
Parler, je ne saurais pas dire J’ai brisé ma boîte à musique Sur le silence pathétique Du dernier cri d’un oiseau-lyre –
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Chez Barnabé