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Trois petits singes
Nous reviendrons bavarder avec les trois petits singes du bout du mur. Ils ont des gueules bien sympathiques. On se sait pas s’ils sont gibbons, macaques ou chimpanzés. Non, chimpanzés, non. Ils nous ressemblent trop. Ils sont venus nous voir tout de suite, comment sont-il arrivés là ? Sont-ils descendus des arbres ? Sont-ils tombés du ciel ? Car on ne monte pas comme ça sur le mur de la présidence, il y a des tessons de bouteille partout, des barbelées, des fils fils de fer, des pièges électriques. Des fois que le peuple ait l’idée de troubler la paix du palais. Il n’y a plus de présidence, maintenant. Mais…
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Ceux qui vont
Ils sont partis vers des terres lointaines Partis au nord, où il y avait de l’eau De l’eau de pluie et de l’eau des fontaines La terres est morte ici, la vie est vaine – Ils ont marché comme un peuple étourdi Marché de nuit sur le sable endormi Le sable nu mangé par les cailloux Les cailloux vifs avec leurs dents de loup – Fuyant la ville et le cri des corbeaux Le feu du jour qui leur brûlait la peau Ils sont partis dans le soleil couchant La nuit enfin rafraîchissait le vent – Il y avait là des bagnards en errance Des vagabonds, des soldats sans chaussures…
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PAR LA VOIE DE LA MAIN GAUCHE
Lorsque le soleil s’éteint Que le ciel tombe en poussière Sur le monde et ses chimères Ses bouffons et ses pantins Le petit peuple des ombres Caché dans la forêt sombre Se faufile sans un bruit Jusqu’aux portes de la nuit Ils entrent dans les chapelles Renverser les crucifix Mettre le feu aux chandelles Et tracer des graffitis Par la voie de la main gauche Je débauche, je débauche Je grave des pentagrammes Avec le bout de ma lame Lorsque dans un pet de soufre Le Maître se manifeste Ses esclaves le détestent Leur âme est au bord du gouffre Dans des cornues goëtiques Ils mélangent…
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Lancement du poème-polar « L’Assassin » mercredi 27 septembre 2017
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L’horloger de Saint Paul
À minuit dans le jardin des montres “Méfie-toi des mauvaises rencontres” Se disait l’horloger de Saint-Paul Qui venait réparer ses bricoles D’une clé et d’un casse-culbute Et d’un fer à souder les minutes Il allait remonter les virgules Qui font battre le pouls des pendules 1-2-3 la trotteuse aux abois Qui s’était épatée dans les bois Clopinant sur deux pieds, sur trois pattes Sur un pas saccadé d’automate 1-2-3 la comtesse aux aguets Qui comptait de ses doigts ses acquêts Ses amants délicats délinquants Des galants décatis par le temps Dans le coeur d’une montre il y a Des printemps, des parfums de lilas Des étés, des amours…
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Minuit (Etienne)
Minuit. L’aplomb de l’heure inique La nuit étouffe un cri pudique Je t’ai laissé dans l’ombre nu Presque endormi, presque ingénu Et ton corps blanc lové d’amour Comme écrasé du poids du jour Blotti dans les replis perplexes Des draps froissés des jeux du sexe
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Foutu Chat de gouttières !
La nuit, tous les chagrins sont gris Les bandits ont sorti Leurs chapeaux haut de forme La nuit tous les chagrins s’ennuient Les crimes nous sourient Et les chats gris s’endorment Foutu chat de gouttières ! Au tournant d’une rue déserte Sautant d’une fenêtre ouverte Un chat surgit je ne sais d’où Avec ses yeux, ces yeux de fou Je suivis ce mauvais garçon Le long des rues et des maisons Sans savoir qui de lui ou moi Serait le chasseur ou la proie La nuit, tous les chagrins sont gris Les bandits ont sorti Leurs chapeaux haut de forme La nuit tous les chagrins s’ennuient Les…
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Quand Marco dansait (chanson)
Marco Quand Marco dansait pieds nus sur la dalle Comme sur la neige un grand cygne noir On voyait son double au creux des miroirs Et le marbre blanc de la grande salle Sa robe de moire au teint d’amarante Caressait sa peau d’ambre libertine Et les plis légers de la soie mutine Frôlaient de ses reins la courbe affolante REFRAIN Etait-il un rêve, un ange factice Scarabée de jour, papillon de nuit Amoureux des arts et des artifices Brûlant de passions, brûlant de folies Quand Marco dansait ramenant ses voiles Au creux de ses bras comme sous l’étoile S’endort une fleur et dans un soupir Un…
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Les Enfants de la Veuve
1 Les enfants de la veuve n’ont pas connu leur père Parti en Judée pour y casser des pierres Afin de construire un genre de presbytère Pour un gros client qui était dur en affaires Mais en revenant du côté de la carrière Il s’est fait serrer par trois mauvais compères Qui l’ont dépouillé sans trop faire de manières Et l’ont assommé d’un coup sur la cafetière Privés de leur père et le coeur plein de larmes …
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Eléphants
Aussi loin que porte la plaine Jusqu’au bout des rives du temps Attirés par l’eau des fontaines Venaient mourir les éléphants Ils arrivaient par cent détours D’anciennes fermes de labour Des champs de gaz et de bitume Qui crachaient du feu dans la brume Ils avaient pris des noms de guerre Et changé leurs charrues en sabre Ils donnaient tout l’or des rivières Pour l’eau d’un puits, l’ombre d’un arbre Aussi loin que porte la plaine Jusqu’au bout des rives du temps Attirés par l’eau des fontaines Venaient mourir les éléphants Ils jouaient dans les casinos A moitié fous, à moitié ivres Le prix de l’air,…