Les rats dégoûts
Les rats dégoûts sont revenus
Les rats dégorgent dans les rues
Des petis rats de rastaquère
Au début il n’y en avait qu’un
Qui remontait du fond des âges
Nourri d’ordure et de carnage
Un petit rat du raz d’égout
Au nez de châtaigne pointue
Aux petites pattes tordues
Qui s’accrochaient dans les ornières
Et puis il en vint de partout
Qui goûtaient le long des coursives
Et les toits des maisons massives
Des rats de mauvaises manières
Des mange-mères et grouille-tout
Les rats dégoûts sont revenus
Les rats dégorgent dans les rues
Le long des canaux des eaux fortes
Il en venait de toutes sortes
Ils avaient l’odeur des chacals
Des yeux de hyènes hallucinés
Et des dents de renard des sables
Machicoulées, taillées en diable
Ils rongeaient le monde à ses portes
Creusaient la gangue à ses racines
Et même les tables de fer
Les lourdes portes de l’enfer
S’écroulaient comme feuilles mortes
Et la ville tombait en ruine
Elle s’effondrait sur ses caves
Les rats dégoûts sont revenus
Les rats dégorgent dans les rues
Bientôt il y en eut cent et mille
Qui couraient dans les catacombes
Un pour chaque homme et chaque tombe
Il ne restait plus de la ville
Qu’un cadavre de gravats froids
Alors ils se choisirent un roi
Et construisirent à l’envers
Des décombres de l’univers
Un monde qui soit à leur goût
Une cité de pourritures
Faite de débris de raclures
Une acropole d’immondices
De vomissure et de dégoût
CV 18/07