Les clochards célestes
Quand on était vieux
On allait courbés
La tête penchée
Les genoux cagneux.
L’hiver dans les yeux
On traînait nos pas
De trotte-menu
Au café-tabac
Qui vend des cousues.
Mais il n’y en a plus
On buvait du vin
Sur le bord du zinc
Parfois des gamins
Jouaient du bastringue.
Ca nous rendait dingues
On poussait du bois
Sur des échiquiers
On gagnait parfois
Une reine, un roi.
Contre un cavalier
Le monde alentour
Pouvait s’écrouler
L’évêque ou la tour
Pouvaient bien tomber.
A chacun son tour
A chacun sa loi
On n’entendait rien
On poussait du bois
L’hiver dans nos mains.
Le coeur aux abois
Quand on était vieux
On avait le temps
De ne pas courir
Après le printemps.
Et les amoureux
On allait courbés
La tête penchée
Les genoux cagneux
Et les yeux baissés.
Quand on était vieux
Mais il est fichu
Le temps des regrets
Où l’on s’en allait
La têtes chenue.
A trotte-menu
Les blés sont coupés
Il faut se lever
Et ne plus compter
Sur les souvenirs.
Et ne plus vieillir
Monter dans les tours
Jouer dans les coins
Comme des gamins
Te prendre la main
Et t’aimer toujours
C’est le temps des fous
Le temps qui nous reste
Il fera de nous
S’il en a le goût :
Des clochards célestes
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