Racontards

Par Omission

C’est pas qu’il n’aimait pas l’école

C’est plutôt qu’il avait envie

D’aller traîner un peu ses grolles

Loin du berceau dans la vraie vie

 

Autrefois c’était à l’armée

Que les gosses allaient s’encanailler

Crapahuter par groupe de sept

Respirer l’odeur des chaussettes

 

Et quand arrivait la bleusaille

On voulait jouer les fiers à bras

Qu’ont pas de respect pour les médailles

Qu’ont peur de rien, qui ne saluent pas

 

« Et ben t’iras moisir au trou »

Fait le capitaine “pas de ça chez nous,

Ceux qui veulent jouer les pignoufs

Finissent au gnouf”

 

« J’ai pêché par omission »

Disait le troufion

« Un coup de raquette et c’était bon !  »

 

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Sitôt défroqué du drapeau

Il est passé chez les barbeaux

Il traînait dans le fond des bas-fonds

Pour refaire son  éducation

 

Il prenait l’accent des faubourgs

C’est facile de virer voyou

Quand on vit à l’heure des hiboux

Jamais couché avant le jour

 

Qu’on traîne avec les chats de gouttière

Qui paient des Mercos en liquide

Et qui vous mettent sur une affaire

Parce qu’il faut toujours un stupide

 

Quand on entend sonner le clairon

Gare à celui qui court moins vite

Y’en a un qui sera pour les schmitts

Et l’autre qui va garder le pognon

 

Faut pas marcher dans la combine

Quand on n’est pas de la même usine.

Au grand jeu du chacun pour soi

Les caves ne feront jamais la loi

 

« J’ai pêché par omission »

Disait le pigeon

« Fallait pas toucher les bifetons »

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Aux jeux de l’amour et du hasard

C’est les héros qui sont tricards

On a trente ans, on s’en croit vingt

On n’a pas vu passer les trains

 

On brûle sa vie par les deux bouts

Jamais deux nuits dans le même lit

Jamais le temps de refaire son nid

Ni de passer la corde au cou

 

Et puis un jour on tombe sur une

Qui a ce quelque chose dans les yeux

Comme un oiseau dans un ciel bleu

Comme dans la nuit un clair de lune

 

Et pas le temps de compter jusqu’à quatre

On se retrouve un fil à la patte

Un jour elle pleure dans son giron

Qu’elle veut qu’il lui fasse un lardon

 

Oui, mais pas lui, c’est pas son heure

Alors il file comme un voleur

Et voilà que des années après

Devant son verre de beaujolais,

 

« J’ai péche par omission »

Disait le garçon

« J’aurai dû l’aimer pour de bon »

 

* *

*

 

C’est pas qu’il n’aimait pas l’école

C’est plutôt qu’il avait envie

D’aller traîner un peu ses grôles

Loin du berceau dans la vraie vie

 

CV 26 juin 2011 + 2016

 

Auteur, compositeur, interprête

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