Racontards

Choses ordinaires

« Tu me dis : Laisse un peu l’orchestre des tonnerres

Car par le temps qu’il fait il est de pauvres gens

Qui ne pouvant chercher dans les dictionnaires

Aimeraient des mots ordinaires

Qu’ils se puissent tout bas répéter en songeant »

Louis Aragon. Ce que dit Elsa

Je voudrais des choses ordinaires

Des trésors comme on n’en fait plus

Des p’tits bonheurs des p’tites misères

Du tout venant, du tout venu

 

Des enfants qui jouent dans la cour

Qui viennent à l’heure de la récré

Tracer des marelles à la craie

Et sauter dedans tour à tour

 

Une fenètre ouverte sur

Un coin de ciel au bout d’un toit

Un chat qui marche sur un mur

Un piaf qui crie à pleine voix

 

Je voudrais des choses ordinaires

Manger un goûter d’autrefois

Quatre carrés de chocolat

Plantés dans un pain de grand-mère

 

Et retrouver dans un cartable

Au milieu des livres d’école

Des cahiers rangés à la diable

Un sac de billes, un pot de colle

 

Je voudrais des choses ordinaires

Des trésors comme on n’en fait plus

Des p’tits bonheurs des p’tit’s misères

Du tout venant, du tout venu

Oublier le temps des colères

Des défilés, des barricades

Des grafitis sur les façades

Ne plus crier. Ne pas se taire.

 

Ne pas dire bonjour à la dame

Tant qu’elle sera aussi méchante

Avec les fleurs de macadam

Qui hantent les rues adjacentes

 

Les filles de joie, les filles de fesse

Les clodos, les fous, les tchétchènes

Tous ceux qu’elle vomit de sa haine

En trottinant jusqu’à la messe

 

Préférer des gens ordinaires

Partager sur un coin de table

Le temps d’un poème ou d’un verre

L’instant qui passe insaisissable

 

Je voudrais des choses ordinaires

Des trésors comme on n’en fait plus

Des p’tits bonheurs des p’tit’s misères

Du tout venant, du tout venu

Quand j’en aurai soupé des pignoufs

Des pisse-froid, des pouss’mégots

Des mythos, des rois de l’esbrouffe

Qui vous retournent le ciboulot

 

Quand j’aurai bien chauffé ma couenne

Sous leurs étés artificiels

Brûlé pour un coeur de pivoine

Et pleuré des amours virtuels

 

Je voudrais prendre un train d’hiver

Destination sans importance

Juste histoire de tenter ma chance

Au bout de ce chemin de fer.

 

Arriver par un matin clair

Au coeur d’une ville inconnue

Se dire qu’il y a tout à refaire

Et tourner au coin de la rue

 

Pour trouver des choses ordinaires

Des trésors comme on n’en fait plus

Des p’tits bonheurs et des p’tit’s misères

Et sourire au premier venu

C.V. 11 Juin 2011

Auteur, compositeur, interprête

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