Il est un blanc…
Il est un blanc plus blanc que le blanc
Un blanc diaphane, évanescent
Comme une brume de printemps
Effilochée sur un étang
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Un blanc de neiges infinies
Vers lequel court un lapin blanc
Avec sa montre à contretemps
Sur des chemins de paradis
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Un blanc plus blanc que le silence
Quand la paix glisse sur le monde
Et qu’on ouvre des bras immenses
Vers des chimères vagabondes
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Voie lactée, ombres lumineuses
Le corps chaste des amoureuses
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Il est un blanc plus blanc que l’absence
Un blanc profond et lourd de silence
Qui se soulève et dans sa poitrine
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Quand il l’entend, le coeur tambourine
Une eau de vie comme un air de fête
Un blanc si fort qu’il tourne la tête
Des amoureux, les yeux pleins d’étoile
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La nuit se meurt sous un ciel sans voile
Un blanc si pur et plein de mystère
Que dans la nef baignée de lumière
Agenouillé aux marges des cieux
L’esclave a cru qu’il rencontrait Dieu
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Il est un blanc pour qui je donnerais
Tout l’or du Rhin et ses jardins secrets
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Ils ont joué, les enfants du bonheur
Et fait tourner le cerceau des couleurs
Le bleu d’azur a changé pour le blanc
Éclaboussé de mille feux d’argent
Les naufragés au bout de leur voyage
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Ont vu surgir au delà des nuages
Comme une porte ouverte sur l’espace
Ce blanc si blanc qu’on ne peut voir en face
Et dans le creux de leurs mains réunies
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Les yeux fermés, murmurant des prières
Hommes perdus et mages endormis
Gardent caché cet éclat de lumière
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Un blanc troublant sans chair et sans matière
Eternel et muet comme un rêve de pierre