Je n’y arrive plus
Je n’y arrive plus
Mes mains tombent des arbres
Comme les sarments des sabres
Leurs larmes rouillées de leurs sangs
Leur âme rongée du dedans
Je n’y arrive plus
Elles tombent des nues
Elles n’accrochent plus
Mes mains
Les fleurs aux fruits
Les fruits aux branches
Elles écorchent la peau des planches
Arrachent l’écorce des buis
Mes mains qui tremblent
Je n’y arrive plus
Mon dos ploie sous le poids des tombes
Aux noms inconnus des soldats
Grêlés par les éclats des mondes
Révolus, les siècles sont las
Bientôt nous aurons disparu
Je n’y arrive plus
Mes pieds s’embourbent dans la glèbe
La boue qui vient me vomira
Dans les villages en contrebas
Monte la fureur de la plèbe :
“Hourra !”
Tu le vois bien ma musaraigne
J’avais promis, je n’ai pas pu
Je ne peux plus
J’avais promis la fin d’un règne
Il meurt mais il ne s’en va pas
Et aucun autre ne va naître
Aucun lilas ne fleurira
Ni des guirlandes à nos fenêtres
Nous n’avons plus voix au chapitre
Laisse moi partir je t’en prie
Bientôt la terre va me dissoudre
Comme un brouillard au matin gris
Un charme qui s’évanouit
Un peu de buée sur la vitre
Et qui n’est plus
18-12-26