PAR LA VOIE DE LA MAIN GAUCHE
Lorsque le soleil s’éteint
Et que le peuple du jour
Sous le poids d’un ciel d’étain
Plonge dans un sommeil lourd
Le petit peuple des ombres
Sort de la forêt des nombres
Et réveille sans un bruit
Les passagers de la nuit
Dans le secret des alcôves
Ils vont dresser des autels
Ils allument des chandelles
Des flammes orange et mauves
Par la voie de la main gauche
Je débauche, je débauche
Le tracé du pentagramme
Qui court au bout de ma lame
Penchés sur le bord du gouffre
Ils l’acclament à grands gestes
Lorsque dans un jet de soufre
Le Maître se manifeste
Au son des tambours de feu
Ils dansent jusqu’à l’aurore
Tandis que tombent sur eux
Des larmes de sang et d’or
Dans les vapeurs d’amoniac
Les tentations de la chair
Font des amours démoniaques
Un festin pour les enfers.
Par la voie de la main gauche
Je débauche, je débauche
Les fées de l’Apocalypse
Avant que la nuit s’éclipse
Mais l’or se change en poussière
Les amours en feux grégeois
Lorsque revient la lumière
Tout n’est que cendre de bois
Au bal des nécromanciens
On a éteint les flambeaux
On chasse les musiciens
Avec des cris de corbeaux
C’est l’heure où les enfants mâles
Sont grisés de poudres fortes
Et couverts de feuilles mortes
Ils flottent sur des eaux pâles
Par la voie de la main gauche
Je débauche, je débauche
Les démons qui me tourmentent
Ceux qui trichent, ceux qui mentent