Pyramides froides
Ils ont semé sur le sol sec
Des pièces de bronze et d’étain
Des menues monnaies de la maille
Des graines qu’on jette aux oiseaux
Pour qu’ils s’en aillent
Ils les ont piétinées de rage
Noircies, fouillées, tambourinées
Mélangées à de la poussière
De la boue venue des carrières
Ils en ont fait du mortier mou
Alors ils ont monté dessus
Des piliers d’argent des torsades
Des colonnes étincellantes
Qui grimpaient le long des façades
Et portaient un toit de tuiles blanches
Ils y ont entassé des coffres
Damassés de cuir et de laine
Remplis d’or arraché aux mines
De précieuses perles de brumes
Et de diamants de sang séché
Ils vivaient là, coupés du monde
Au milieu d’un jardin de pierres
A l’ombre d’une pyramide
Couronnée d’un dais de nuages
Ni le vent qui venait du large
Ni les rivières souterraines
Ne troublaient l’eau de leur silence
Il a suffi d’un papillon
Posé sur le toit d’une étoile
Pour que le temple millénaire
Vacille sur ses certitudes
Que le château des fous s’effondre