De 17 à 25 heures

Poèmes écrits de 17 à 25 ans

  • De 17 à 25 heures

    J’entrais…

    J’entrais dans sa chambre Son lit ouvert comme une invitation Au voyage, au voyage Son lit ouvert : une interrogation Quel voyage ? J’entrais dans son lit Sa vie ouverte comme les livres le sont Sur quelle page ? sur quelle plage ? Sa vie ouverte comme parfois le sont Parfois les cages J’entrais dans sa vie Les bras ouverts comme parfois le sont Un voyage, une page, une cage, Pour trouver enfin l’endroit d’une histoire CV 6 octobre 1986

  • De 17 à 25 heures

    J’entends tout

    Je descends peu à peu D’un pas précis, peureux Que je pose, petit, petit, du bout du pied Mon cœur s’apaise, à peine audible encore Mais voilà que déjà le silence recule Par nappes, par vagues, il se retire Il s’enferme au secret des murs De l’autre côté des paupières Entr’ouvertes Vient la lueur D’un regard retrouvé Qui palpite légèrement Pas D’un pas plus proche, tu viens Tu te penches Et nous battons Et nous battons, l’un avec l’autre à l’unisson A l’illusion d’un même souffle ou d’un frisson Les paupières closes Sous couvert Suis-je mort que j’entends tout ? Le doux ressac Le murmure D’un cœur qui bat Comme une…

  • De 17 à 25 heures

    Il avait trop marché

    Il avait trop marché cette nuit de Noël Les rires des enfants ne l’accompagnaient pas Sous les gifles du vent, la griffure du gel Seul un chien vagabond s’attachait à ses pas Depuis trop de saisons il parcourait la plaine Se cachant dans la nuit, poursuivi des gendarmes Ses forces s’épuisaient, et sa peur, et sa haine Il rêvait d’un rivage où déposer les armes Il s’assit, planta son bâton, frotta ses mains En lui jetant des pierres il éloigna son chien Et puis il attendit drapé dans son manteau Que le froid peu à peu s’insinue dans ses os. Il se souvint d’un coin de ciel De l’autre côté…

  • De 17 à 25 heures

    Fatigue

    Je parle à l’envers de la feuille J’ai rimé toute la journée La plume noire dans l’encrier N’a plus le cœur de boire Les mots et leurs majuscules S’étirent comme des fils tragiques Mes mains s’appliquent lourdement sur les murs Et laissent une marque profonde Au milieu des fleurs déteintes La fumée de mes cigarettes Plane très bas Puis vient se poser sur le sol Elle exhale un tapis de laine De mille moutons éthérés. Je sens mon cœur Comme une bulle qui crève

  • De 17 à 25 heures

    Eclaircie

    Là, au carrefour de nos regards enfin rejoints Je cherche encore les lagunes de fiel Qui t’emportaient S’en va pour jamais l’horizon liquide Où bouillonnait la querelle Les ronces à tes pieds, la colère à tes mains Ne reviendront jamais, que le vent les emporte                         * Reste là, comme l’hirondelle immobile Ne garde que tes larmes sur ton corps glacé

  • De 17 à 25 heures

    A Duck

    Tout en bas du fleuve mauve Où rampe une allumette Une bougie plantée dans une table… Vous dansez ? Oui, je danse Chaque mouvement dans l’ombre Estompe les distances Les murs s’éclairent La cave s’enfonce Un peu en terre D’où remonte une eau sombre La cire qui fond brûle mes pieds Et sa chaleur remonte Le long de ma mèche Et mes cheveux s’enflamment -Oui, je danse Ton ombre brune Vacille Et m’emprisonne Fauves, des couleurs fauves Flottent sur ton visage Je vais chercher tes lèvres -Vous dansez ? 1976

  • De 17 à 25 heures

    Demain

    A l’aube du grand large endormi C’est le sommeil du rameur d’été sur la plage T’en souvient-il ? Il faisait un temps d’ambroise avec Les vertes dragées pâles de tes yeux ouverts Sur une fenêtre au flanc du mur Et mon cœur voyageait sur un radeau La radeau bouge et l’eau s’endort Très tôt, les prairies d’automne se sont envolées Avec leurs petits cris mouillés Hélas, le passant, derrière le vent s’enfuit Il passe,           rêve effacé                  tendresse donnée,                           ses mains plongées dans le ruisseau  …

  • De 17 à 25 heures

    Coq Hardi

    Vous me déplaisez Gens de toutes sortes Qui allez venez Qui passez la porte Regardez partout Timides, inquiets Ne sachant pas où Poser vos quinquets Plantés là debout Dans ce restaurant Tout en attendant Qu’on ait soin de vous Et moi je m’en fiche De votre embarras « Où poser mes miches ? Vais-je dîner là ? » Je suis amoureuse Du taulier d’ici Je bois ma chartreuse En rêvant de lui Ainsi soupirait La belle étrangère Filant des secrets D’amours adultères