Vent du sud
Vent du Sud
Vent de folie
Le Rhône se prend pour la mer
Il vaguelette, il moutonne
Et sur son dos nu qui frissonne
Viennent se reposer les mouettes
Etourdies, troublées, surprises
D’être saisies en pleine cœur
De la ville aux tempes grises
Qui traîne là ses langueurs
Vent du Sud
Vent de folie
Le Rhône se prend pour la mer
Quand il claque de la langue
Il se pense un goût salé
Il fait le vaste, il s’arrange
Se donne des horizons
Rêve de pays d’orange
De sable plus blanc que blond
Vent de folie
Vent du Sud
Et vent de cheveux fouettés
Vent de regards balayés
Chassés par des branches lourdes
Le Rhône se prend pour le Rhône
Toujours même et toujours autre
D’une autre métamorphose
Tout il peut et tout il ose
Jusqu’au visage d’orage
Quand la colère le tourmente
Vent de folie
Vent du Sud
Et presque vent d’épouvante
Tant, que ce vent vous égare
Tant, que la tête vous cogne
Comme au réveil de l’ivrogne
Etourdi par les lumières
Assourdi de cris, de rires
On demeure sans rien dire
Agrippé au pont de pierre