Ceux qui vont
Ils sont partis vers des terres lointaines
Partis au nord, où il y avait de l’eau
De l’eau de pluie et de l’eau des fontaines
La terres est morte ici, la vie est vaine
–
Ils ont marché comme un peuple étourdi
Marché de nuit sur le sable endormi
Le sable nu mangé par les cailloux
Les cailloux vifs avec leurs dents de loup
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Fuyant la ville et le cri des corbeaux
Le feu du jour qui leur brûlait la peau
Ils sont partis dans le soleil couchant
La nuit enfin rafraîchissait le vent
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Il y avait là des bagnards en errance
Des vagabonds, des soldats sans chaussures
Des paysans sans terre et sans armure
Des mange-clous, des idiots de faïence
–
Il y avait là de sorcières moqueuses
Des bateleurs qui lisaient dans les cartes
Des vieillards secs avec leurs mains calleuses
Aucun enfant pour courir ou s’ébattre
–
Certains tiraient des chariots de fortune
De bric à brac, de ferraille froissée
D’autres suivaient la course de la lune
Clignant des yeux, pieds nus, le dos cassé
–
Ils se hissaient jusqu’au flanc de côteaux
Le nez au vent guettant l’odeur de l’eau
Mais leurs espoirs retombaient en poussière
Et les galets dans le lit des ruisseaux
–
Quand ils croisaient dans les campagnes grises
D’autres migrants courant d’autres chimères
Chacun savait mais préférait se taire :
Il n’y aurait pas de terre promise
(nov17)