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A Duck
Tout en bas du fleuve mauve Où rampe une allumette Une bougie plantée dans une table… Vous dansez ? Oui, je danse Chaque mouvement dans l’ombre Estompe les distances Les murs s’éclairent La cave s’enfonce Un peu en terre D’où remonte une eau sombre La cire qui fond brûle mes pieds Et sa chaleur remonte Le long de ma mèche Et mes cheveux s’enflamment -Oui, je danse Ton ombre brune Vacille Et m’emprisonne Fauves, des couleurs fauves Flottent sur ton visage Je vais chercher tes lèvres -Vous dansez ? 1976
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Demain
A l’aube du grand large endormi C’est le sommeil du rameur d’été sur la plage T’en souvient-il ? Il faisait un temps d’ambroise avec Les vertes dragées pâles de tes yeux ouverts Sur une fenêtre au flanc du mur Et mon cœur voyageait sur un radeau La radeau bouge et l’eau s’endort Très tôt, les prairies d’automne se sont envolées Avec leurs petits cris mouillés Hélas, le passant, derrière le vent s’enfuit Il passe, rêve effacé tendresse donnée, ses mains plongées dans le ruisseau …
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Coq Hardi
Vous me déplaisez Gens de toutes sortes Qui allez venez Qui passez la porte Regardez partout Timides, inquiets Ne sachant pas où Poser vos quinquets Plantés là debout Dans ce restaurant Tout en attendant Qu’on ait soin de vous Et moi je m’en fiche De votre embarras « Où poser mes miches ? Vais-je dîner là ? » Je suis amoureuse Du taulier d’ici Je bois ma chartreuse En rêvant de lui Ainsi soupirait La belle étrangère Filant des secrets D’amours adultères
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Comme les chansons d’avant
Comme les chansons qu’à peine on soupire Sans rien pouvoir dire J’ai fermé pour toi un livre d’amour Muet pour toujours Et vers l’océan filant sans retour Vers des mers absentes J’oublie sur ma peau tes lèvres d’amante A jamais toujours Mais pourquoi le vent Aux rives d’antan Accroche un reflet De frissons d’argent Mais pourquoi le temps Du passé présent Me parle d’autant Des amours d’avant
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Club privé
Pauvre Lélian Le temps… Je meuble chaque espace parcouru De mon regard morne d’un attrait supplémentaire à mon ennui Sur les visages se reflètent Les contorsions des lumières Dans une night club clandestin La nuit et ses étoiles se poursuivent De mille rires provocants Eclatent des œillades incendiaires Cob-la-fleur Et puis soudain Son sourire clair -Comme une fleur qui s’ouvre ! Entre le bar aux liqueurs Et le candélabre complice Me regarde La nuit à nouveau Je te suis, au bord d’un brouillard désert Où pas un soupçon ne plane Sur nos pas confondus Je garde comme un secret Entre la cage de mes doigts -Entrelac- ta main Que tu m’as…
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BEL ESSOR
Fuis, monte fuis Grimpe à la cime des éclairs A la force des poings tendus Bien au dessus Fuse vers la fragile étoile Vers son zéro à l’infini Arrache-toi aux bras des arbres Aux plantes des montagnes peintes Va, le vent te soulève Les chevaux d’horizon Sont avec toi Va
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Au vent
Au vent j’ai pris tes cheveux d’or Noyé leur source étincelante Au milieu des ajoncs et puis Dans la pâleur crue de la lune Au vent j’ai pris tes cheveux d’or J’ai respiré à pleins poumons Leur parfum d’oraison sinistre Et j’ai prié pour en finir
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Au bout de tes doigts fleurit le silence
A chaque extrémité profonde Au bout de tes doigts fleurit Comme un baiser de silence Qui grave de ses dents longues De ce dur couteau dans la plaie Ton nom, comme un étranger grave Des rimes de rimmel ont pleuré sur les berges Derrière le rideau retranché De deux miroirs liquides Qui s’écoulent un soir d’hiver Entre le lit et la table Entre le feu et la chandelle Devant la stéphanisation des tes yeux clairs J’ai brûle toutes mes hardes au styrogène Tous mes poèmes au décalogue J’ai réduit ton regard à un seul rayon de lune Qui grinçait entre les grilles d’un soupirail Comme des dents serrées …
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Alexandre
Le masque tombé vide S’abîme au plus profond Tu marches froid sur les dunes glacées Ma main posée sur ton front écrit A savoir ce qui demeure et ce qui passe A savoir c’est aussi ton amour * Tu marches froid sur des dunes pâlies Sur le chemin qui n’a pas su garder Ô soleil maudit, Soleil de minuit Mon secret inavoué que des larmes de crêpe noircies Refoulent en longs sanglots De violons * * * Tu cours, vent dans les yeux Qui brouille les cartes Pluie d’abondance chuchotée Juste au creux de l’oreille Tu cours à perdre le sentier Perdre jusqu’à notre histoire Et le désert, feuille plate,…
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A plat dans le creux de ma main
Changement palpitant des miroirs à facettes Mille feux étincellent alentour Toutes les couleurs du prisme se rejoignent Tes doigts sanglants marquent sur mon corps nu : Tu m’appartiens. A plat dans le creux de ma main, Les reins cambrés à l’abandon, Je te porte à travers mon délire. Chavire les échos lointains de tes soupirs, Le lit, le feu, les rideaux dans le vent. Le chambranle de la porte Sont ivres. Je vertige… Ton regard me rattrape au bord de la fenêtre. Ta main est là. Je t’aime Reviens. Je plonges en toi. Tu frissonnes. Mon amour. Je divague dans tes cheveux. Je bouillonne avec le mer, L’écume me noie. Je…