Valet de trèfle
Petit enfant des eaux dormantes
Tu masques toujours ton visage ?
J’ai cru avoir noyé dans mes écritures : la tienne
Mais j’ai retrouvé ta lettre
Au carrefour de chaque syllabe vivante
Tu étais là
Dans chaque mot dans chaque trait
Sous les ratures où tu caches ton nom
Le vrai, le mystérieux
Celui que tu ne prononces jamais
Et que j’ai pensé deviner peut-être
Et la pluie n’en finissait pas de noyer le poisson
Poisson volant perdu dans l’arbre
Clochettes au cou des troupeaux lointains
Déjà tes mains se referment sur des papillons vénéneux
Et tu cries d’angoisse
Tu cries que tu voudrais qu’il fut resté chenille
Et tu t’accroches aux roues des chars
Qui s’en vont au casse-ferraille
Et qui glissent sur la glace
Infiniment
Tes yeux très haut
S’ouvrent sur le chemin
Qui chavire
Qui poudroie
L’horizon renversé
Main retournée
Creux de la main :
Vide ?
Impossible.