Petit ange de messe
Garde l’équilibre
Sur le grand escabeau des lampes d’allumage
Marche sur l’horizon oublié
Des sentiers où nos pas ne sont plus exactement sous nos pieds
Mais beaucoup plus haut, et beaucoup plus loin
Ne répands pas la vie que tu as versée
Au creux de l’amphore des essences réunies
Sous mes doigts, dans ta cage enfermé
Je souffle et tes ailes tremblantes frissonnent
Tout au fond d’un puits de silence
Petit ange de messe tranché entre deux pages d’un livre
Les pages-pièges à la tranche d’or
Qui coupe
Le livre s’endort sous le soupir grave de l’orgue
Et l’ange fuit au fond de la nef indolente
Tous les amours d’église vont jouer sur la plage
Avec des marchands de tours de sable et d’ivoire
Que la mer emporte avec ses vagues aux seins ronds
Les nuits s’éteignent une à une
Sur le velours de la lampe
Les trèfles, les carreaux, les piques et les cœurs
Se referment sur leurs secrets
Non tu ne sauras jamais
Jamais
Petit ange blessé que je réchauffais tout à l’heure
En t’enveloppant d’une haleine bleue
Quand les feuilles miroitaient aux branches des arbres
Que seule,ton image demeurée floue, troublait l’eau d’une fontaine.