Il avait trop marché
Il avait trop marché cette nuit de Noël
Les rires des enfants ne l’accompagnaient pas
Sous les gifles du vent, la griffure du gel
Seul un chien vagabond s’attachait à ses pas
Depuis trop de saisons il parcourait la plaine
Se cachant dans la nuit, poursuivi des gendarmes
Ses forces s’épuisaient, et sa peur, et sa haine
Il rêvait d’un rivage où déposer les armes
Il s’assit, planta son bâton, frotta ses mains
En lui jetant des pierres il éloigna son chien
Et puis il attendit drapé dans son manteau
Que le froid peu à peu s’insinue dans ses os.
Il se souvint d’un coin de ciel
De l’autre côté des nuages
De l’enfant né dans une étable
Et du long chemin des rois-mages
Un pays de lait et de miel
Promis au peuple du Jourdain…
Et la neige pareille au sable
L’ensevelit dans son jardin.