Poèmes,  Un monde s'écroule

Eléphants

Aussi loin que porte la plaine

Jusqu’au bout des rives du temps

Attirés par l’eau des fontaines

Venaient mourir les éléphants

 

Ils arrivaient par cent détours

D’anciennes fermes de labour

Des champs de gaz et de bitume

Qui crachaient du feu dans la brume

 

Ils avaient pris des  noms de guerre

Et changé leurs charrues en sabre

Ils donnaient tout l’or des rivières

Pour l’eau d’un puits, l’ombre d’un arbre

 

Aussi loin que porte la plaine

Jusqu’au bout des rives du temps

Attirés par l’eau des fontaines

Venaient mourir les éléphants

 

Ils jouaient dans les casinos

A moitié fous, à moitié ivres

Le prix de l’air, le prix de l’eau

Le temps qu’on avait droit de vivre

 

Quand les cours se sont effondrés

Ils sont tombés, comme des cloches

Avec des dollars plein les poches

Les enfants leur riaient au nez

 

Aussi loin que porte la plaine

Jusqu’au bout des rives du temps

Attirés par l’eau des fontaines

Venaient mourir les éléphants  

 

Il avaient la peau d’ambre noire

Burinée par le poids des ans

Ils prêchaient pour des temps nouveaux

Mais nul ne voulait plus les croire

 

Ils citaient les noms des savants

Envolés au vent de l’Histoire

Que la chimère des mémoires

Avaient effacé du néant

 

Aussi loin que porte la plaine

Jusqu’au bout des rives du temps

Attirés par l’eau des fontaines

Venaient mourir les éléphants  

 

Il arrivaient par cents et par milles

Des bords de mers, des champs, des villes

Cabossés comme des migrants

Maigres commes des chiens errants

 

Ils tournaient en rond sur le sable

Ils creusaient leurs pas dans la terre

Et leur tombe dans la poussière

De ce désert irrémédiable

 

Aussi loin que porte la plaine

Jusqu’au bout des rives du temps

Attirés par l’eau des fontaines

Venaient mourir les éléphants

 

 

Auteur, compositeur, interprête

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