Poèmes

Pyramides froides

Ils ont semé sur le sol sec

Des pièces de bronze et d’étain

Des menues monnaies de la maille

Des graines qu’on jette aux oiseaux

Pour qu’ils s’en aillent

 

Ils les ont piétinées de rage

Noircies, fouillées, tambourinées

Mélangées à de la poussière

De la boue venue des carrières

Ils en ont fait du mortier mou

 

Alors ils ont monté dessus

Des piliers d’argent des torsades

Des colonnes étincellantes

Qui grimpaient le long des façades

Et portaient un toit de tuiles blanches

 

Ils y ont entassé des coffres

Damassés de cuir et de laine

Remplis d’or arraché aux mines

De précieuses perles de brumes

Et de diamants de sang séché

 

Ils vivaient là, coupés du monde

Au milieu d’un jardin de pierres

A l’ombre d’une pyramide

Couronnée d’un dais de nuages

Ni le vent qui venait du large

Ni les rivières souterraines

Ne troublaient l’eau de leur silence

 

Il a suffi d’un papillon

Posé sur le toit  d’une étoile

Pour que le temple millénaire

Vacille sur ses certitudes

Que le château des fous s’effondre

Auteur, compositeur, interprête

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