De 17 à 25 heures

Poèmes écrits de 17 à 25 ans

  • De 17 à 25 heures

    Auprès de ma blonde

    Il a fallu plus de cent ans Pour que ma belle au bois dormant Oublie l’espace d’un instant Ses rêves de prince charmant Moi qui ne suis ni chevalier errant Ni troubadour, ni poète vraiment Qu’avais-je de plus qu’un passant ? Mais l’amour s’en allait chantant : “ Auprès de ma blonde je m’endors Je fais la nique à la mort ” J’ai failli voir s’ouvrir la nuit Au bord du gouffre de l’oubli Les voix que j’aimais s’étaient tues Jamais on ne s’y habitue Dessous des arbres gris aux doigts de fer Je cachais ma tristesse et mes hivers Mais quel était donc ce passant ? Voilà qu’il s’en allait chantant : “ Auprès de ma…

  • De 17 à 25 heures

    La chanson du soir

    Sur le bord des lèvres entrouvertes Se repose comme un lac d’eau Le doux balbutiement des mots Vallées, plaines qu’on aperçoit Rougeoyant des lunes de soie Sur les braises aux chenets des bois Où le cerf la nuit venue boit Pour les yeux des biches aux abois Des jeunes faons tremblants d’effroi Plaines, vallées qu’on aperçoit Je dirai la chanson du soir Sur le bord des lèvres entrouvertes Se repose comme un lac d’eau Le doux balbutiement des mots

  • De 17 à 25 heures

    Demain

    A l’aube du grand large endormi C’est le sommeil du rameur d’été sur la plage T’en souvient-il ? Il faisait un temps d’ambroisie avec Les vertes dragées pâles de tes yeux ouverts Sur une fenêtre au flanc du mur Et mon cœur voyageait sur un radeau Le radeau bouge et l’eau s’endort Très tôt, les prairies d’automne se sont envolées Avec leurs petits cris mouillés Hélas, le passant, derrière le vent s’enfuit Il passe, Rêve effacé Tendresse donnée, Ses mains plongées dans le ruisseau Qui n’en finit pas de couler Depuis le jour de nos funérailles communes

  • De 17 à 25 heures

    Eclaircie

    Là, au carrefour de nos regards enfin rejoints Je cherche encore les lagunes de fiel Qui t’emportaient S’en va pour jamais l’horizon liquide Où bouillonnait la querelle Les ronces à tes pieds, la colère à tes mains Ne reviendront jamais, que le vent les emporte                      * Reste là, comme l’hirondelle immobile Ne garde que tes larmes sur ton corps glacé

  • De 17 à 25 heures

    Sitôt que le jour s’est levé

    Sitôt que le jour s’est levé J’ai vu le vent grossir la mer J’ai vu se fâcher l’océan J’ai entendu gronder l’orage Je coursais, au loin, les nuages Chargés de lourds destins tragiques Si langoureux, si magnifiques, Qu’on voudrait suivre leurs voyages Je pensais, les poings dans mes poches -Et la mer déchirait les roches- A chevaucher vers les tropiques Sur des tempêtes fantastiques J’avais la tête ivre du large, Et mes pieds décollaient du sol C’est sûr, j’allais prendre mon vol Mais j’écrivais : “  peut-être ” en marge. Et ce “ peut-être ” m’a cloué Au quai, ballotté par les vagues Nul n’a tenté le mauvais sort Les barques sont restées au…

  • De 17 à 25 heures

    Les nuits s’ennuient

    Les nuits s’ennuient, les nuits se traînent Longues, longues, les nuits se traînent Se traînent jusqu’au matin blanc Le long du même chemin lent Un coche lourd et sans allant Suit son cheval indifférent Glissant sur le pavé luisant Sous la lune les nuits s’ennuient Ainsi je vais sans but et sans Passion comme vont les passants Je vais, je m’ensuis, je m’entends L’écho crier mon nom sans bruit Le bruit doubler mon pas d’absent J’attend l’aube qui toujours fuit Dans le secret des insomnies Frileux je me drape dedans Il n’y a pas de fin de nuit

  • De 17 à 25 heures

    Vent du sud

    Vent du Sud Vent de folie Le Rhône se prend pour la mer Il vaguelette, il moutonne Et sur son dos nu qui frissonne Viennent se reposer les mouettes Etourdies, troublées, surprises D’être saisies en pleine cœur De la ville aux tempes grises Qui traîne là ses langueurs Vent du Sud Vent de folie Le Rhône se prend pour la mer Quand il claque de la langue Il se pense un goût salé Il fait le vaste, il s’arrange Se donne des horizons Rêve de pays d’orange De sable plus blanc que blond Vent de folie Vent du Sud Et vent de cheveux fouettés Vent de regards balayés Chassés par…

  • De 17 à 25 heures

    Petits pions

    Petits pions sur les carreaux Noirs et blancs Tout debout tête de bois Coeur tremblant Petits pions en bois de buis Bois d’ébène Bousculés du bout d’un doigt Se promènent Petits pions de valetaille Restent coi Envoyés sous la mitraille Par le roi Et sautant de case en case Ces punaises Ignorent le jeu qu’on joue Mais se taisent (Lyon-St Jean de Dieu)

  • De 17 à 25 heures

    Ping pong

    Ping-pong prend dans ses filets Des volées de petits poissons ronds Qu’ils se renvoient à grands coups de claques dans la gueule, d’une main plate Le métronome compte, tique et taque Et saute par dessus la balustrade blanche Les couloirs sont blancs. Blancs les vêtements Les revêtements des murs et des gens, blancs Un enfant bredouille, d’un doigt hésitant Efface un mot sur sa bouche. Ne dit rien. Ne dite rien qui compte. Ne dit rien que comptes : Un pour les dizaines et un pour les unités Tantôt lui et tantôt l’autre Sept et dix. C’était dit. (Lyon-St Jean de Dieu)