Poèmes,  Un monde s'écroule

Trois petits singes

Nous reviendrons bavarder avec les trois petits singes du bout du mur.

Ils ont des gueules bien sympathiques.

On se sait pas s’ils sont gibbons, macaques ou chimpanzés.

Non, chimpanzés, non.

Ils nous ressemblent trop.

Ils sont venus nous voir tout de suite, comment sont-il arrivés là ?

Sont-ils descendus des arbres ? Sont-ils tombés du ciel ?

Car on ne monte pas comme ça sur le mur de la présidence, il y a des tessons de bouteille partout, des barbelées, des fils fils de fer, des pièges électriques.

Des fois que le peuple ait l’idée de troubler la paix du palais.

Il n’y a plus de présidence, maintenant.

Mais les gardes sont toujours là.

 

Eux n’ont pas eu peur.

Ils sont venus nous voir tout de suite.

Ils sont venus nous parler.

Ils voulaient savoir qui nous étions.

Nous ne sommes  pas du quartier, ça les intéressait beaucoup.

Ils nous regardaient avec des yeux écarquillés en se lissant la barbe du plat de la main.

Nous venions de là-bas, au delà de la ville.  

Ils voulaient qu’on raconte.

 

Mais il fallait qu’on parte, maintenant.

On allait revenir, promis.

Il fallait qu’on prenne le bus 48 jusqu’à Démocratie.

Qu’on aille déposer des bougies.

Qu’on aille écouter des chants guerriers, des chants de larmes :

“montez de la mine, descendez des collines, camarades”.  

Qu’on aille jeter des fleurs de cerisiers sur les gens de la terre, sur les gens de la mer, le long du cortège.

On allait revenir après.

Pour parler aux trois petis singes.

 

Car il n’est plus temps de se taire.

Ni de fermer, les yeux.

Ni les oreilles.

 

Auteur, compositeur, interprête

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